Jacob avait promis à son frère, en décrivant la bekhora, le droit d’aînesse: «kama mitot ve-onshim teluim bah»; «Combien de morts et de châtiments s’y suspendent!»; bekhora comme regard porté, fixement, intensément, sérieusement, sur la mort. Le moment vint, en effet, pour le voleur du droit d’aînesse.
Il n’est pas question de saut en élastique. Il est question de l’épreuve subjective, affrontée (par-delà l’apparence de fantasmes – les versets sont ô combien ambigus, quand ils semblent jauger les deux figures d’Esaü et de son puîné) par Jacob, qui au bout de ses décennies d’épreuves matrimoniales, familiales et tactiques, avec le redoutable Laban, voit la grande question de sa vie sur le point de se conclure – la relation avec son jumeau, l’épreuve mortelle d’une fraternité terrible, dans la famille la plus singulière du monde.
Angoisse de mort, nous dit le verset, et pourtant Jacob resta seul: vayivater Yaakov levado («Jacob resta seul»), vayeaveq ich ‘imo («et un homme lutta avec lui») dont les richonim pour leur plupart disent qu’il était le saro chel esav – le principe, «l’ange» d’Esaü – à l’exception de Rabenû Ba’hia qui, lui, entend qu’il s’agissait de Gavriel, qui est le nom du sekhel ha-poel, de l’Intellect agent des philosophes; Maïmonide, d’ailleurs, établit que les Intelligences séparées sont désignées du nom de Ich.
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