Michna 1,18

Dans la michna 1,2, Chimon ha-tsadiq disait : le monde tient sur la Tora, sur le service et sur la bienfaisance. Dans notre michna 1,18, Chimon ben Gamliel dit : le monde tient sur le din, sur la vérité et sur la paix. Nous établirons une différence entre les deux enseignements. Pour l’un, il s’agit de la cause de la création du monde, pour l’autre, il s’agit de ce qui fait que le monde se maintient. Le premier vise à la conduite du monde vers sa perfection, le second à son maintien et sa construction progressive. >>> pdf

Michna 1,17 — 2/2

Chimon n’a rien trouvé de mieux pour le corps que le silence. Ce silence ne consiste pas à cacher une pensée. Il s’agit d’un silence plein dont la pensée excède son expression. Ce silence-ci est de nature à laisser la pensée agir sur le corps par dedans et à former l’intériorité de l’homme. En pleine crise pharisienne et à l’époque des prédications pauliniennes, Chimon exhorte à ne pas voir dans le corps un lieu d’opacité. >>> pdf

Michna 1,17 — 1/2

Chimon ben rabban Gamliel, qui a été imprégné sa vie durant des paroles des sages, met en garde contre une forme d’éloquence : celle qui consiste à prétendre tout exprimer. Contre cette prétention, Chimon enjoint à donner préséance à l’action et à penser plus qu’on ne dit. >>> pdf

Michna 1,16 — 2/2

Que nous dit au final rabban Gamliel? Devant l’urgence d’agir, ne te détermine pas, fais que ta résolution ne te vienne pas de l’autodétermination, mais de l’autre, pour rendre impossible toute certitude issue de la pratique. En aucun cas, les actes humains ne doivent déterminer la morale. >>> pdf

Michna 1,16 — 1/2

L’enseignement de rabban Gamliel porte sur la nécessité d’un maître dans les domaines de la loi, contrairement aux domaines de la connaissance comme dans Avot 1,6. La consultation d’un maître vise la résolution dans l’action. On opposera cet enseignement avec la maxime de Descartes qui vise la détermination dans une ligne de conduite (une «morale par provision»).  >>> pdf

Michna 1,15 — 4/4

La réception de l’autre n’est pas l’invitation de l’autre qu’entend la lecture naïve. Le sens passif de recevoir (meqabel) en hébreu biblique doit être restitué pour entendre dans ce verbe l’adresse et l’acceptation. L’autre homme auquel il faut faire bonne bonne figure est celui que je considère comme s’adressant à moi-même et me révélant comme devant être un homme.  >>> pdf

Michna 1,15 — 3/4

L’enseignement « Dis peu, fais beaucoup » n’est pas à entendre comme deux impératifs opposés. Il dit que la modération du « dire » favorise la conscience du « faire », dévoilant ainsi une vie d’engagement et de sens. >>> pdf

Michna 1,15 — 2/4

Chammaï nous enseigne comment conjoindre les deux solutions à la précarité de l’existence que sont le travail et la moralité. Si la Tora ne se donne pas comme une solution à la précarité de l’existence, bien qu’elle doive devenir fixe (qeva), c’est qu’elle est une solution à une précarité métaphysique, causée par la disjonction de l’acte et de la moralité. Il s’agit alors de pratiquer une étude véritable, grâce à laquelle la règle devient la moralité de l’acte et l’acte la moralité de la règle. >>> pdf

Michna 1,15 — 1/4

Chammaï nous exhorte, non pas à étudier à heures fixes, mais à faire de l’étude de la Tora l’activité qui règle notre existence. L’étude et le travail doivent se fondre pour que l’étude ait la fixité du travail. Par cette discipline, à force de régularité et d’intériorisation, la Tora devient ma Tora. >>> pdf

Michna 1,14 — 4/4

La conscience, ou pour-soi, est néantisation ; elle désenglue l’être. Cependant, à force de fuir en avant, que reste-t-il de soi une fois la mort venue ? À considérer, comme dans notre Occident, que l’être de l’homme n’est que sédimentation du passé, il ne reste rien du pour-soi. À cette fuite dans la mort du pour-soi, Hillel oppose le présent de la vie. Grâce au mérite acquis, le passé de l’homme se révèle dans le présent. Cette révélation est la part au monde futur promise à l’homme méritant. >>> pdf