«Les fêtes israélites et leurs significations pour les nations du monde pratiquant les préceptes noahites» de Yoël Shwartz [3e chapitre]

Avec l’aimable autorisation de Rav Yoël Shwartz (Yeshivat Dvar Yerushalayim), traduction de l’hébreu.

Nouveau mois, la néoménie

«Et il arrivera constamment, à chaque néoménie, à chaque Chabbat, que toute chair viendra se prosterner devant moi, dit YHVH.» (Isaïe 66,23)

Le premier commandement de la Tora, donné à Israël en tant que peuple (bien que le livre de la Genèse contienne trente commandements) est «Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois…» (Ex. 12,2). Dans ce commandement, qui consiste à faire un calendrier, il y a deux aspects: le commencement du mois juif est en phase avec les mois lunaires et il existe un mois additionnel qui cale les mois solaires sur les mois lunaires. Il y a de nombreux enseignements à tirer de cela, comme cela apparaît du fait que les idolâtres s’opposèrent particulièrement au calendrier hébraïque, ainsi à l’époque d’Antiochus, lequel voulut par dessus tout éradiquer les commandements du Chabbat, de la circoncision et du mois.
Les Romains également s’en irritèrent et les Juifs durent le pratiquer en cachette, faisant connaître la bénédiction du mois par un code: «David, roi d’Israël, est bien vivant.»
Les Nazis également comprirent son importance et annonçaient vouloir faire rentrer le peuple d’Israël dans le cadre du temps qui emporte tout, car nombreuses sont les significations de la «sanctification du mois».

I. Celui qui fixe le temps est au-delà du temps et ne se laisse pas engloutir par lui; cela nous signifie l’unicité du peuple d’Israël, qui est éternel, du fait qu’il reçut une Tora éternelle, indépendante du temps, d’un lieu ou d’une culture.

II. Le peuple d’Israël occupe une place singulière en vertu de son calendrier lunaire. Bien que les musulmans aient l’habitude d’utiliser un calendrier lunaire, il existe une singularité juive: les fêtes juives tombent toujours à la même saison de l’année, puisque, les années embolismiques, on ajoute un mois intercalaire, qui raccorde le rythme lunaire au rythme solaire. Le mois intercalaire signifie la puissance de renouvellement du peuple d’Israël, car, après les périodes d’obscurité, la lumière réapparaît, comme la lune, qui se cache puis se remplit au milieu du mois.
L’espoir que l’homme doit avoir en lui-même [se manifeste] tant dans les périodes d’obscurité que par la modestie dans les périodes de succès. On raconte que Salomon avait un anneau sur lequel était gravé «Cela aussi périra». Il méditait dessus dans ses moments de détresse et y puisait confiance en YHVH. Inversement, dans ses moments de succès, il y puisait de la modestie, conscient que le succès pouvait se retourner.

III. La contemplation de la lune, chaque mois, rapproche l’homme de la nature et, partant, de son créateur. C’est ainsi qu’il est écrit «Levez vos yeux vers les hauteurs et regardez qui a créé cela.» (Isaïe 40)
Le Zohar explique que les mots «qui» (מי) et «cela» (אלה) forment le mot «Dieu» (א-להים). Ainsi, les sages d’Israël ont dit que celui qui prononce chaque mois la «bénédiction de la lune» est considéré avoir accueilli le visage de la divine présence: puisqu’il a réfléchi sur la création, il a resserré le lien avec le Créateur.

La conduite à avoir les jours de néoménie

I. Lors de la prière quotidienne, on ajoutera le chapitre «Béni mon âme…» (Ps. 104) mentionné plus haut au sujet du Chabbat. Il traite du thème de la création.

II. On lira également dans la Genèse le premier verset «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre» et on prononcera la prière «Yaale ve-yavo» sous cette forme:

«Ô notre Dieu et Dieu de nos pères, que monte, parvienne, atteigne, apparaisse; que soit agréé, entendu, mentionné, rappelé notre souvenir et le souvenir du Messie fils de David, ton serviteur, celui de Jérusalem, ta ville de ta sainteté, celui de tout ton peuple Israël et celui de tous les serviteurs parmi les nations — auprès de toi, pour le salut, le bien, la grâce, l’amour, la miséricorde, la vie, la paix, en ce jour de néoménie. Souviens-toi de nous YHVH notre Dieu pour le bien, souviens-toi de nous pour la bénédiction et délivre-nous pour que nous vivions dans le bonheur. Aie pitié de nous et prends-nous en grâce. Aie pitié et sois miséricordieux à notre égard. Délivre-nous car vers toi se tournent nos yeux, toi, Dieu roi, tendre et miséricordieux.»

III. On ajoutera un aliment spécial au repas pour se rappeler que le jour est un jour de néoménie.

IV. On reviendra sur les sept préceptes noahites pour se rafraîchir la mémoire et pour matérialiser ainsi leur éternité, car ils sont invariables, quels que soient les époques, les lieux ou les cultures.

V. À chaque nouvelle période qui s’ouvre, il nous est possible d’engager un nouveau départ, meilleur, de tourner le dos aux échecs passés et, par de nouvelles résolutions, de sincèrement se repentir.

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