Conférence de René Lévy, prononcée à Nice, au centre universitaire méditerranéen – Colloque sur les femmes et leur contribution à la culture occidentale de l’antiquité à nos jours
Je voudrais, dans le cadre de ce colloque dédié à la femme européenne, parler de la femme de qualité. L’expression, bien française, désigne, dans la langue classique, la femme de haut rang. On pouvait ainsi qualifier l’homme, et les gens ; mais c’est spécialement associée à la femme que l’expression a, pour ainsi dire, pris corps.
Cette expression a d’abord retenu mon intérêt parce qu’elle rend parfaitement, comme taillée pour elle, l’expression talmudique : icha hachuva ; la « femme de qualité » occupant, dans la législation rabbinique, une place à part. Son implication la plus significative se voit dans le séder de Pessah, ou cène pascale, dont il n’est plus à démontrer la portée bouleversante, et le rôle fondateur, notamment dans la naissance du christianisme. Outre les nombreuses représentations de la Cène qui l’attestent, je renvoie à mon essai sur Paul de Tarse.
Ce n’est pourtant pas cette part du séder, la part proprement rédemptrice, ni la substitution du corps du Christ à la Sortie d’Egypte, qui pour lors m’intéressent. La cène pascale m’intéresse ici par un autre biais ; par le biais de la femme, et spécialement de la femme de qualité.
Je montrerai ce qu’en dit le séder de Pâques, ce qu’il dit de la liberté de la femme, et, au-delà, ce qu’il dit de la civilité.